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Pensées du jour
4 avril 2016

Sans Toi...

Sécher les larmes de sa fille de 3 ans 1/2 qui pleure la perte de son arrière-grand-mère est une épreuve, car cette arrière-grand-mère, Mamie Yaya, faisait partie intégrante de son quotidien.

 

Nous habitons en face d'elle et elles ont partagés beaucoup d'émotions ensemble. Bien sûr Mamie Yaya avait très vite fait le plein dans son tupp à bonbons pour en avoir à chaque visite -quasi quotidienne - de Louise. Bien sûr, elle adorait ses gateaux et autres petits plats préparés avec amour. 

Mais à postériori, ce que Louise retient c'est les parties de cache-cache endiablée, c'est les rigolades, les jeux ensemble, sa gentillesse et sa façin toute particulière de jouer avec elle à la poupée. 

Nous pleurons aujourd'hui une grande Dame, de ces Mamies extraordinaires qui pourraient sortir des livres pour enfants. Ces mamies qui sentent toujours trop le parfum, qui font des bons petits plats et qui s'occupent jour après jour de chacun de nous dans les moindres détails. 

Nous pleurons aujourd'hui la perte d'un être cher, alors qu'il y a un mois elle binait son jardin et nous faisait ses fameux beignets de carnaval. Elle a été terrassé en 17 jours par ce putain de cancer de merde, de ceux dont on se relève pas. Elle savait depuis un moment déjà que quelque chose ne tournait pas rond mais elle n'a rien dit... pour nous épargner ? Pour ne pas avoir à subir des mois d'hospitalisation? Pour ne pas être un poids pour nous ? Parce qu'elle se savait condamner et ne voulait plus se battre ? 

Nous avons tout fait pour la soulager comme nous le pouvions et avons passé ses derniers jours sans un instant de relâche. Nous avons veillé sur elle à tour de rôle pour que le moment M, elle ne soit pas seule. 

Son état s'est relativement vite empiré. 5 jours avant de rejoindre Papi, une petite crise nous a fait prendre conscience qu'elle ne tiendrai plus très longtemps. Son coeur montrait quelques signes de faiblesse et elle n'avait plus la force de se battre. 

Alors que c'était mon tour de la veillé, j'ai été prise de panique. Elle souffrait et aucun médicament n'était efficace contre ce mal. Après avoir appelé à plusieurs reprises l'infirmière, nosu avons essayé par tous les moyens de la soulager. Malheureusement, nous avons découvert qu'elle était allergique à la morphine et cela ne rendait que plus douloureux ses maux. 

Moins de 24h avant qu'elle ne parte, alors que j'étais toujours de veille, le médecin m'a dit qu'il était temps de la passer en morphine en intra-veineuse.... Nous nous demandions depuis quelques jours pourquoi les médecins n'avaient toujours pas décidé de faire ça. Nous avons compris ensuite que tout le protocole de morphine en intra-veineuse avait une raison : la morphine rend les malades "comateux".

Mais Mamie Yaya est forte et malgré l'intra-veineuse et ses nausées à répétition, elle était toujours avec nous, consciente. 

5 jours avant de rejoindre les étoiles, le jour où nous avons compris qu'il ne nous restait plus beaucoup de temps avec elle et après l'appel de l'infirmière, nous nous sommes rendus en urgence à son chevet. 

Elle a fait rapidement le tour des personnes présentes et ne m'a pas vue tout de suite. 
Elle a demandé après moi en pensant que c'était ses derniers instants et voulait savoir si j'étais au boulot. C'était par miracle mon mercredi off et nous sommes restées avec elle toute la journée. 

Elle s'est un peu apaisée mais nous savions que cela n'était que partie remise. 

Dimanche après-midi, alors que deux de ses filles et un de ses gendres était à son chevet, ma Maman a appelé mon Papa qui était avec nous pour nous dire que c'était bientôt fini. Ma maman voulait m'épargner ces souffrances de la voir partir et ne voulait pas que je vienne. Mais ej n'ai pas réfléchi plus longtemps. J'ai pris la voiture avec mon père et m'y suis rendue. 

Arrivés à l'hopital mon papa a insisté pour que j'attende dans la voiture pour voir d'abord par lui-même ce qu'il se passait. Mais je ne l'ai pas écouté et je suis montée directement. 

En arrivant dans sa chambre, j'ai entendu sa façon de respirer très difficile, j'ai entendu ma Tante lui dire "regarde, tu la vois la lumière? Tu vois Dicker là-bas"... (c'était ainsi que mes grands-parents s'appelaient entre eux). 

J'ai senti que c'était trop dur pour ma maman et j'ai pris sa place. Je lui ai alors murmuré à l'oreille que nous l'autorisions à partir, qu'elle avait le droit d'aller voir Papi, que j'étais sûre qu'elle était en train d'entendre la musique et que Papi l'attendait pour danser. Je lui ai chanté une chanson, "Prends ma main dans la tienne" cette chanson religieuse pleine d'espoir que nous avions chanté si souvent. 

Et nous avons patienté...quelques minutes, une heure peut-être ? Je ne me souviens plus et nous étions comem dans une bulle, le temps n'avait plus d'importance... après un dernier râle, nous pensions que c'était fini... elle a encore inspiré et expiré une ou deux fois et est partie calmement. 

Elle a juste arrêter de respirer et son coeur s'est tout simplement arrêté. Elle était là, comme ça, avec nous ou plus tout à fait. Nous avons essayé de lui fermer les yeux mais il était trop tard. 

Nous avons alors beaucoup pleuré, puis nous nous sommes tenus les mains, fait une ronde avec elle en lui tenant les mains et nous avons chanté, encore et toujours cette chanson. 

Nous étions le 20 mars et il était 17h30. 

Puis, peut-être au bout de 15 min, tout doucement, nous avons appelé l'infirmière qui est venue très rapidement et qui voyant nos mines défaites à compris que c'était fini. Elle a vérifié le poul et nous a dit qu'elle allait appelé le médecin pour qu'il confirme le décès. 

Nous avons dû sortir un peu pendant que les aides-soignantes la préparait et lui retirait tous les fils branchés. 

Nos avons alors appelé nos proches, nos amis, notre famille pour annoncer la nouvelle.

Alors que nous avions le droit de revenir dans la chambre, nous avons été auprès d'elle pendant 2h. Nous avons vécu un dernier moment émouvant avec elle. Nous avons fait "comme d'habitude". 

Mamie Yaya ayant quelques problèmes d'audition depuis quelques années, nous avons vécu autour d'elle. Nous avons parlé, d'abord à voix basse et finalement nous nous sommes parlés. Entre temps mon frère est arrivé et nous avons parlé de tout et de rien, comme nous le faisions si souvent avec elle. 

Doucement, nous avons commencé à récupérer ses affaires. Nous avons rangé correctement ses affaires de toilettes, nous avons plié son manteau, rangé ses chaussures. Alors que je reniflais son écharpe pour garder encore un peu son odeur, quelqu'un me la mise autour du cou et m'a dit c'est pour toi. (c'était ma maman et elle a validé par la suite avec ma tante). 

Pour repartir, nous avions chacun notre voiture. Nous avons chacun eu 20 min pour se rémémorer ce que nous voulions avec elle. Nous avons eu chacun 20 min de quasi solitude pour commencer notre deuil. Nous avons roulé en convoi, pour veiller les uns sur les autres. 

Les jours qui ont suivi, l'attente était insupportable. Et puis est venu le jour des funérailles. 

Mamie Yaya avait tout préparé. Elle voulait 4 chansons et elle voulait que ses petits enfants lisent à l'Eglise. La Pasteur a été parfaite avant et pendant l'office. Elle a eu des mots récomfortants et a fait bons nombres de parallèle qui auraient sans aucun doute beaucoup plus à Mamie. 

" Ma petite Mamie, 

Je pourrais parler des heures et des heures des bons petits plats que tu nous mitonnais, des desserts de folie que tu nous faisais et dont tu nous as donné la recette depuis le fond de ton lit. 

Je pourrais parler de ta force de caractère, ton style tout particulier de "Mama à l'italienne" à gérer à la baguette ton petit monde.

Je pourrais parler de ton amour inconditionel pour ton jardin et tes framboisiers que tu bichonais et où tu passais des heures jusqu'à il y a un mois.

Je pourrais parler de notre quotidien "si tu vas faire des courses ramène moi ça", de nos escapades à Cora ou Super U, contre des petits tupps de légumes pour les filles

Je pourrais parler de tes invitations pour midi 00 avec le coup de fil de rappel quand à midi 3 nous n'avions pas encore rappliqué.

Je pourrais parler de tous les messages reçs ces derniers jours pour vanter tes mérites car tu es la Mamie de beaucoup d'entre nous. 

Je pourrais aussi parler de ta vie à Dalhunden ou à Vendeneheim avec Papi et tes filles. 

Mias j'a surtout choisi de rappeler à quel point tu es une Mamie extraordinaire, généreuse, attentionée, juste et aimante. 

Une Mamie qui s'inquiète pour chacun d'entre nous sans distinction et une Mamie Yaya qui a eu la chance de connaître 4 arrières petits enfants, dont Louise avec qui tu avais une relation si particulière que tu es un de ses pilliers comme tu as réussi à l'être pour chacun de nous. 

Vos jeux, vos fous-rires, vos chansons, vos stutzbocs sont résonner encore longtemps dans nos têtes et nos coeurs

Alors pour tout ça et bien plus encore, tu laisses un énorme vide dans nos vies. 

Il ne me reste plus qu'à scruter les étoiles pour trouver celle avec une canne car d'après Louise c'est elle qui te représente le mieux. 

Je t'aime Mamie Yaya ... pour toujours." 

 

La mise en terre du cercueil est le moment le plus douloureux. C'est là que c'est vraiment fini. 
C'est là que "a ficha caiu" (la pièce tombe en brésilien qui signifie que c'est là qu'on réalise). 
Ce moment où ton corps est ensevelli sous la terre ou nous jettons des fleurs sur ton cercueil. J'en ai mis 3 : 1 pour moi et une pour chacune de mes filles que nous avions fait le choix de ne pas emmener. 

Nous avons eu la chance d'être très entourée par nos proches, nos amis qui ont fait parfois beaucoup de route et dans les bras desquels nous avons beaucoup pleuré. Comme c'est récomfortant de se sentir soutenu !

 

Nous apprenons maintenant à vivre sans toi, nous apprenons à recréer un autre quotidien. Nous apprenons à ne penser plus qu'à toi avec des larmes ou des sourires. 
Beaucoup de gestes de nos quotidiens nous ramènent encore à toi. 

Louise, elle, pose des questions parfois très déroutantes : " Mamn pourquoi Mamie Yaya est partie dans les étoiles sans dire aurevoir à moi" ? "Maman, mais y'a que Mamie qui savait où se trouve ça ou ça" "maman, je suis triste je veux encore jouer à cacher-cache avec Mamie Yaya". 

Pendant les 17 jours de son hospitalisation, j'entendais presque à chaque fois que j'allais la voir la chanson de Justin Bieber à la radio "Love Yourself". Je n'arrive plus à écouter autre chose que cette chanson depuis 15 jours. 

Je sais qu'un jour cela s'éstompera, je sais qu'un jour la douleur sera plus douce. 
En attendant bordel de merde, ça fait mal... 

 

 

Je dépose tout cela ici car je sais que ce blog est très rarement lu et qu'il fallait que je l'écrive pour cesser les cauchemars... 

 

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