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Pensées du jour
17 juin 2008

posté le 15 novembre 2007

Il y a encore 3 mois, parler du seul grand-père que j'ai connu n'aurait peut-être pas été aussi facile. Il faut le reconnaître, le quotidien à ses côtés n'a pas toujours été des plus roses.

Je me suis souvent demandé d'où venait ce caractère très fort. Mais le jour de ses 88 ans j'ai commencé à comprendre. Il m'a raconté sa vie.

Ses joies, ses peines, des souvenirs heureux avec sa femme et ses 3 enfants. Une vie paisible et joyeuse, ponctuée de déplacements avec la SNCF comme contrôleur. La SNCF, il en parlait très souvent, toujours heureux d'apprendre que nous prenions le train pour connaître les horaires, mais surtout heureux, heureux de voir arriver le TGV jusqu'à Strasbourg, lui qui a connu la machine à vapeur.

Et puis, il m'a parlé se son enfance, mais surtout de la guerre. Comme beaucoup d'alsaciens, il a dû
se battre d'abord avec les français puis incorporé de force avec les allemands, sur le front russe. Il a vu ses amis tombés sous les balles et les obus. Finalement prisonnier des russes, il fini par rentrer en France.

Lui qui a connu cette guerre, lui qui a donné sa jeunesse au combat, lui qui a été enseveli après le bombardement de sa tranchée, il a aussi fait parti de ceux qui ont reconstruit : d'abord la France et puis l'Europe, celle de la paix. C'est grâce à des Hommes et des femmes comme lui que nous vivons dans notre démocratie, à laquelle il était attaché, peut-être aussi parce qu'il a vu les camps et les déportés, mourrant de faim.

Il m'avait fait promettre ce jour-là de ne pas en parler. Mais ces souvenirs ont rejailli quand sa santé s'est affaiblie. Et je pense qu'ils expliquent pour beaucoup ce fort caractère dont je parlais juste avant.

Pour moi, une question reste cependant en suspend... pourquoi ceux qui se sont battus pour que la France reste le pays symbole des Droits de l'Homme, pourquoi n'ont-ils pas le droit à plus d'attention, notamment à la fin de leur vie ?

Depuis que j'habite à Strasbourg, je le voyais chaque semaine, ou presque. Je venais pour partager quelques instants avec lui. La viande en sauce, son plat favori, va me manquer, comme ses « débats » sur l'actualité, l'équipe de France de foot ou bien sûr le Racing. Sans compter ses nombreux coups de gueule qu'il valait mieux prendre avec le sourire. Bien sûr la télé était toujours trop forte et en sortant d'une discussion avec lui nos cordes vocales devaient rester au repos quelques temps.

Et puis, depuis 3 mois, j'ai réappris à le connaître. A force de visites, de sourires et de bisous échangés, il a fait peu à peu tomber les barrières qu'il avait érigées. J'ai redécouvert mon grand-père aimant et heureux de me voir, accueillant malgré ses douleurs, qu'il essayait toujours de me cacher, en grand-père protecteur.

J'aimerai au passage remercier tous les gens qui se sont formidablement occupé de lui, notamment ces 3 derniers mois : le Docteur Hermal, Betty et Christine les infirmières, Patrick Walké son kiné, le personnel soignant de la Graffenbourg à Brumath et bien sur Mme Gantzer.

Aujourd'hui il rejoint ces êtres chers et qui nous manquent. Surtout Mémé, Mathilde, sa femme qu'il aime tant. De là ou ils sont, j'en suis sure, ils veillent sur nous, heureux de se retrouver.

Nos petits moments passés rien que lui et moi sont des moments précieux qui resteront gravés dans ma mémoire et mon cœur. Nous le savions tous les 2, pourtant 3 mots manquaient à nos conversations : je t'aime Pépé
.


La prochaine fois, qu'on interdise à cet homme d'église de raconter la vie de quelqu'un qu'il ne conaissait pas ...

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