J'ai 83 ans et depuis quelques mois, j'ai mal, mais tout le monde ou presque n'en a que faire...

3h42
"Chérie, ..... y'a le téléphone qui sonne..."
Je m'extirpe du lit aussi délicatement qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine.
C'est Joli Coeur qui répond. Il revient se coucher et me dit "Mamie a pris 3 somnifères, elle attend le SAMU, mais ta mère arrive pas à lui parler"

J'ai bien essayer de lui tirer les vers du nez, mais dans un semi-coma, je n'ai pas eu d'autres explications.
Je m'habille doucement, un nœud d'une taille inimaginable s'est emparé de mon ventre. j'appelle maman en allumant ma clope, oui au point où j'en suis, une petite clope qu'on appellera "de courage" est plus que nécessaire !

Mamie est censée être éveillé, je me dirige doucement vers sa maison, les lumières sont allumées, une bonne chose. Entre temps, maman a joint le SAMU parce qu'être à 150 Km et entendre sa propre maman hurlé de douleur alors qu'elle croyait le téléphonne raccroché, n'est pas chose aisée.

Mamie m'ouvre la porte, elle a l'air plus ou moins cohérente. Elle ne s'arrête pas de marcher, ce qui la maintient réveillé parce qu'elle a effectivement pris 3 somnifères. Le SAMU, que je rapelle, me dit que ce n'est pas une grande urgence et que SOS médecin va arriver.

1H45 plus tard, (Mamie est toujours sous l'emprise de ses 3 somnifères), le doc arrive. Aussi concise que possible, je lui explique le problème. Il me regarde et me répond "vous auriez de l'eau?". Bon, ok, ça commence bien.

Je lui dit aussi que Mamie est une dure à cuire, que d'habitude, elle n'attend vraiment que le dernier moment pour se plaindre. Mais il doit avoir l'habitude et il ne fait pas attention à ce que je dis. Il me dit qu'il lui faut de la morphine, mais que lui n'en a pas. Il m'expédie donc aux urgences de la main à IllkirchIllkirch et repart avec son chèque de 77€. (...)

Arrivée aux urgences d'Illkirchd'Illkirch (qu'il a tout de même joint avant pour les prévenir), le parking est à 250m de l'entrée des urgences. Dans la voiture, pendant les 20 minutes de route (140Km/h alors que c'est 90 normalement), les fenêtres sont grandes ouvertes et je force Mamie a me raconté tout ce qu'elle a pris dans la journée (un nombre incalculable d'advil, doliprane etc... sans compter les 3 somnifères).

Le parking donc, est loin, très très loin. Je traîne Mamie comme je peux et quand je sens qu'elle ne s'appuie plus sur sa canne qu'elle laisse traîner derrière elle, je lui mets des claques pour arriver à bon port.
Les urgences : Accueil. J'explique qui je suis. "ah bon, vous êtes déjà là? Mais vous deviez venir à 8h! ".
"Bon je vais joindre le médecin, il va lui donner de la morphine et vous pouvez rentrer en attendant votre RDV de 10H45 chez son médecin traitant".

S'en est trop pour moi, je fond en larme devant l'infirmière et lui explique les somnifère, ma solitude, son poids... Elle refuse encore quelques instants, par principe je pense, puis me propose de la mettre dans une salle d'examen. "Il n'y a plus d'autres urgences ici, nous n'avons pas de chambres, je ne peux rien faire sinon"

Le médecin arrive, touche sa main et est préoccupé par le nombre de médicaments qu'elle a pris. Il accepte donc tout de suite de la garder en "observation" dans une salle d'examen. Nous arrivons, tous les 3 à la mettre sur un brancard. La deuxième jambe n'est même pas encore dessus qu'elle dort déjà Mamie....

Fin du périple, ou presque, le médecin a enfin pris en compte sa douleur (médecin traitant de SOS main) et après le 4ème RDV (celui-là donc) accepte enfin de comprendre que ce n'est pas du chiquet, mais qu'elle a effectivement mal.... opération ? Et bien dans un mois, en attendant, c'est infiltration, en espérant que ça tienne...

Mamie a 83 ans et parce que les vieux ont l'habitude de se plaindre pour tout et n'importe quoi, personne ne l'a vraiment prise au sérieux.... Merci à l'infirmière de garde et au médecin de SOS main de l'avoir gardé, la ramener à la maison aurait juste été un calvaire... pour la suite, RDV le 19 octobre pour l'opération du canal carpien.

J'ai 83 ans et j'ai mal

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